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Papi Corse
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Cochenille

La cochenille broie du rouge (cité 33 fois dans la Bible)

D’OÙ viennent les rouges vifs de certains cosmétiques ? Vous risquez d’être surpris d’apprendre que la teinte cramoisie de nombreux fards à joues et rouges à lèvres provient de la cochenille, un insecte à carapace qui se nourrit des figuiers de Barbarie. Examinons de plus près cette petite bête haute en couleur.
Nuisible ou utile ?
La cochenille femelle adulte mesure environ trois millimètres de long, la grosseur d’une tête d’allumette. Le mâle, lui, ne fait que la moitié. Mais ne vous fiez pas à leur taille. “ Ces insectes sont parmi les plus destructeurs ”, signale un ouvrage de référence. Malgré cette réputation, cependant, certains agriculteurs en font l’élevage. Pourquoi ? Pour le carmin, une magnifique teinte rouge, qu’ils extraient des corps séchés et écrasés des femelles.


Au Mexique, l’utilisation de la cochenille comme colorant remonte à l’époque antique des Mixtèques, qui vivaient dans ce qui est aujourd’hui l’État d’Oaxaca. La couleur cramoisie de la cochenille ayant fasciné les conquistadors, ce colorant naturel n’a pas tardé à satisfaire le goût de nombreux Européens pour les teintes éclatantes. C’est lui qui a donné aux uniformes militaires britanniques leur traditionnelle couleur écarlate. Il était si répandu que, de 1650 environ jusqu’à 1860, il occupait la troisième place parmi les exportations mexicaines, après l’or et l’argent.
Disparition et réapparition
Avant le milieu du XIXe siècle, les teintures synthétiques avaient commencé à remplacer les colorants naturels. De nombreux facteurs y ont contribué. John Henkel, de la revue FDA Consumer, explique : “ Les couleurs synthétisées chimiquement étaient tout bonnement plus faciles à produire, moins coûteuses et supérieures en propriétés colorantes. ” Dès lors, les colorants de synthèse se sont rapidement emparés du marché des additifs colorants dans l’alimentation, les médicaments et les cosmétiques. “ Mais plus on s’en servait, indique M. Henkel, plus on s’interrogeait sur leur innocuité. ”


Dans les années 70, des études ont indiqué que certains de ces colorants pouvaient être cancérogènes. À mesure que les risques potentiels pour la santé commençaient à se savoir, les teintures naturelles ont refait surface. Le Pérou, par exemple, fournit aujourd’hui environ 85 % de la production mondiale de cochenilles. Les îles Canaries sont connues pour leurs récoltes de cochenilles, au même titre que le sud de l’Espagne, l’Algérie, ainsi que des pays d’Amérique latine. Toutefois, pour pallier l’insuffisance de l’offre face à la demande actuelle, l’État mexicain tente d’augmenter sa production de carmin.
La fabrication du carmin
La cochenille passe sa vie entière sur les raquettes du figuier de Barbarie. Elle se protège des prédateurs en sécrétant une sorte de cire poudreuse. Cette matière duveteuse l’enrobe et lui sert de nid. Mais elle permet aussi de localiser facilement l’insecte au moment de la récolte.


Seules les femelles contiennent le pigment rouge, ou acide carminique. C’est chez les femelles fécondées qu’il est le plus concentré. Ainsi, pour obtenir la meilleure qualité de teinture, les ouvriers prennent bien soin de les récolter juste avant la ponte. Dans les Andes péruviennes, la récolte s’effectue environ trois fois sur une période de sept mois. Les cochenilles sont détachées de la plante à l’aide d’une brosse dure ou d’une lame émoussée. Les corps des insectes sont séchés, nettoyés et broyés, puis pulvérisés, et la poudre obtenue est traitée dans une solution d’ammoniaque ou de carbonate de sodium. On filtre ensuite le liquide pour le débarrasser des résidus d’insectes, puis on le purifie. L’adjonction de chaux permet d’obtenir des nuances de violet.
Même si l’idée d’utiliser du maquillage à base d’insectes n’est pas très engageante, soyez assurée, madame, que les “ additifs colorants [naturels] sont parmi les mieux contrôlés ”. D’après M. Henkel, “ ces couleurs ont été étudiées et réétudiées jusqu’à des dizaines de fois ”. Alors, si on vous complimente sur votre mine resplendissante, vous pourrez remercier la cochenille !

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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Commentaires

  • Gb
    • 1. Gb Le 23/04/2015
    Bonjour, sur l'image de gauche il s'agit d'une larve de Cryptolaemus montrouzieri qui se nourrit de ... cochenille. Donc à garder précieusement dans son jardin !
    Ces larves se déplacent généralement assez vite et leur "couverture blanche" semble plus friable et moins collant que ce queproduisent les cochenilles.
    Merci pour votre article.

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