Papi Corse
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1995 : 8 articles

Indifférence grandissante envers la religion

1995 : La religion laisse de plus en plus de Japonais indifférents, révèle une étude réalisée par le journal Yomiuri Shimbun. Selon cette “Enquête sur la conscience religieuse au Japon”, menée tous les cinq ans depuis 1979, seulement 1 Japonais sur 4 croit à une religion, soit le taux le plus faible jamais enregistré. Pourquoi ce désintérêt croissant? Aussi étonnant que cela paraisse, 47 % des personnes interrogées reprochent aux religions “un trop grand souci de gagner de l’argent”. D’autres les accusent d’être “trop insistantes dans leur prédication”, de “trop se mêler de politique” ou de “ne pas compter en leur sein de chefs religieux dignes de respect”. Reste que “44 % croyaient en l’existence de Dieu ou de Bouddha”.

Adolescents et vidéocassettes pornographiques

1995 : Selon une enquête de l’Agence japonaise de gestion et de coordination, au Japon 77 % des lycéens et 24 % des lycéennes ont déjà regardé des vidéocassettes pornographiques. Chez les collégiens, 25 % des garçons de 13 et 14 ans étaient dans le même cas. Les résultats? “L’enquête indique que les élèves qui ont vu des vidéocassettes pour adultes ne sont guère troublés par les crimes sexuels et se rendent très peu compte des sentiments des victimes”, explique le Mainichi Daily News. Les parents sont-ils conscients de la situation? Seuls 12 % savaient ou se doutaient que leurs enfants regardaient ce genre de cassettes.

Flou administratif au Japon

1995 : Dans la bouche d’un fonctionnaire de la municipalité de Tokyo, l’expression “Merci pour ce précieux avis” ou “Votre suggestion nous incitera à la prudence” signifie que probablement aucune action ne sera entreprise. Pareillement, les promesses de “considérer la question à fond” ou “sous de nombreux angles” n’ont guère de chances de produire des résultats tangibles. “Nous étudierons votre proposition” signifie généralement que rien ne changera dans l’immédiat. “Considérer” est légèrement plus positif qu’“étudier”, et “considérer dans le détail” peut laisser présager que l’idée sera mise en pratique. Tels sont, rapportés dans le Daily Yomiuri, les éclaircissements que donne un responsable de la ville de Tokyo sur les expressions communément employées lors des réunions tenues par la municipalité. Il entend ainsi répondre aux plaintes des habitants, qui disent “ne pas discerner clairement quand la municipalité est pour ou contre” les propositions qui lui sont soumises. Ce flou, explique le journal, tient au fait que “l’on veille soigneusement à ne pas faire perdre la face aux participants en rejetant sans ménagements leurs suggestions”.

 

Sauver les apparences

1995 : Comment un Japonais qui n’a pas assez de parents ou d’amis sauve-t-il les apparences lors d’un mariage ou d’obsèques? Réponse: il en loue. Pour un mariage, il est d’usage que les futurs conjoints aient chacun le même nombre d’invités. Or, il arrive que les deux groupes soient d’importance inégale ou que l’un des deux soit trop modeste pour faire bonne impression. Le marié ou la mariée peut alors décider de louer discrètement les services de benriya, littéralement de “personnes utiles”. Les benriya accomplissent les tâches les plus diverses, y compris celle de se faire passer pour des proches ou des amis. Lors d’obsèques, ils ne sont pas là pour pleurer, mais pour jouer les remplaçants, afin que les voisins ne s’aperçoivent pas, par exemple, que les collègues de travail du défunt ne se sont pas déplacés. Dans Mainichi Daily News, le directeur d’une société louant les services de benriya a raconté que lors des funérailles d’un cadre supérieur auxquelles il assistait, environ 60 des 100 personnes présentes étaient des benriya. Selon lui, “la famille avait dû s’adresser à 3 ou 4 sociétés employant des benriya”.

Envolée de criminalité au Japon

1995 : Le Japon, qu’on pensait encore relativement à l’abri du problème, connaît actuellement une forte hausse de la criminalité que la police impute à la récession, à l’augmentation du trafic d’armes à feu et à la perte de pouvoir du crime organisé. Selon Takaji Kunimatsu, un responsable de la police, les attaques à main armée ont atteint un niveau record et, faute d’être maîtrisées, elles ‘secoueront les fondations de l’ordre public’ au Japon. Selon le Mainichi Daily News, les délits commis par des gens “ordinaires” sont, eux aussi, en augmentation, en partie en raison du “stress permanent qu’occasionne la vie dans les centres urbains congestionnés”. Pour aider les citadins à éviter les ennuis, Susumu Oda, professeur de sociologie, fait les suggestions suivantes: Ayez un minimum de courtoisie, en répondant lorsqu’on vous salue, en vous excusant quand il y a lieu et en souriant pour “dissiper tout sentiment d’inimitié”. Apprenez à dire ‘non’ poliment. Prenez l’habitude d’utiliser les chaînes de sécurité fixées aux portes. Voyez les policiers comme des alliés. Et “ne considérez pas les arts martiaux comme un moyen de protection, car vous risqueriez probablement de blesser gravement quelqu’un”.

“Le pays où l’on joue le plus”

1995 : “Le Japon est aujourd’hui le pays où l’on joue le plus”, rapporte Asahi Evening News. C’est au pachinko, sorte de billard électrique, que les Japonais jouent le plus d’argent (65 %). Et au chapitre des courses de chevaux, ce sont les Nippons qui détiennent le record mondial des paris. En 1992, le Japon a dépensé au jeu plus du double de l’Amérique et plus du quadruple de Hong-Kong, de la Grande-Bretagne et de la France. Pour multiplier les profits, on cible maintenant les jeunes femmes. “Mes parents en font toute une histoire, soupire une jeune fille de Nagoya, mais comme je leur dis toujours, si c’est la municipalité ou l’État qui l’organisent, ça ne peut pas être mal.” En fait, le jeu est théoriquement interdit par la loi japonaise, mais il constitue une “économie de fait”, dit Hiroshi Takeuchi. De l’avis de cet économiste, quand les recettes excèdent 4 % du produit national brut d’un pays, le jeu devient un problème de société. Or le taux est actuellement de 5,7 % au Japon.

Explosion de violence armée au Japon

1995 : Le Japon est considéré comme l’un des pays les plus sûrs au monde. Il n’y a chaque année qu’un meurtre pour 100 000 habitants, alors que la proportion est presque dix fois supérieure en Thaïlande ou aux États-Unis. La revue Asiaweek rapporte cependant que le Japon doit depuis peu faire face à une augmentation des meurtres par armes à feu. De 1990 à 1993, il y a eu 180 fusillades par an, impliquant toutes des membres du crime organisé. Mais en 1994, le nombre de fusillades a augmenté de façon effrayante, et sept des victimes étaient des gens sans histoires. Bien qu’au Japon la possession d’armes soit strictement réglementée, la police estime qu’environ 100 000 armes à feu circulent illégalement dans le pays. Après qu’un médecin se fut fait tirer dessus dans une gare bondée, apparemment par un ancien patient mécontent, un étudiant a déclaré: “Je croyais que cela ne pouvait avoir lieu qu’en Amérique.”

Un sanctuaire pour les ruptures

1995 : Les gens qui souhaitent divorcer ou mettre un terme à d’autres relations indésirables affluent au sanctuaire shinto d’Ashikaga, à 80 kilomètres au nord de Tokyo. D’après Asahi Evening News, ce Sanctuaire des liens dissous, comme on l’appelle, se veut l’unique temple shinto japonais à accepter les demandes de divorce. Chaque jour, des dizaines de fidèles y viennent. Chacun écrit sa requête sur un ema, une fine planchette de bois, le suspend dans l’enceinte du sanctuaire et prie les dieux de l’exaucer. À l’époque de la fondation du sanctuaire, il y a un siècle environ, “les femmes des riches marchands de la région écrivaient des prières pour que leur mari quitte leur maîtresse et leur revienne”, précise le journal. Aujourd’hui, en revanche, on ne prie plus pour la réconciliation.

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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